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"Notre objectif n'est pas de diviser hommes et femmes"

Elisabeth Asen
10 mai 2023

Interview avec Viviane Tathi, du collectif "Stop féminicides 237", au Cameroun, sur le regain de violences contre les femmes et les façons de combattre ces violences.

https://p.dw.com/p/4R8Rl

Au Cameroun,  les femmes s'inquiètent d’un regain de féminicides.

En moins de deux mois, vingt meurtres de femmes ont été enregistrés dans l'ensemble du pays.

Face à la situation, le collectif "Stop féminicides 237", composé de femmes membres de la société civile camerounaise, vient de saisir la présidence de la République via une lettre, appelant à la protection des femmes et filles contre les violences sexistes au Cameroun.

Affiche contre les féminicides, à Bruxelles, en 2011
Les féminicides sont un phénomène mondialImage : Adrián Jurado

Interview avec Viviane Tathi

DW: Viviane Tathi bonjour !

Viviane Tathi : bonjour madame.

 

DW: Votre association Sourires de femmes fait partie des 17 associations qui ont formé le collectif « Stop féminicides 237 ». Vous luttez contre les violences faites aux femmes. Vingt féminicides en moins de deux mois au Cameroun, c'est un record jamais battu par le pays. Que se passe-t-il exactement ?

Viviane Tathi :  C'est ce que nous essayons de comprendre parce-que nous-même, nous sommes désemparées et super inquiètes par rapport à ces féminicides qui vont grandissant avec le temps. On se pose des questions !

Nous sommes déjà conscients de ce que le système en place actuellement au Cameroun ne permet pas une meilleure protection des femmes et des filles, notamment sur la question du code de famille qui restreint encore beaucoup les droits des femmes et des filles, mais également sur la perception, le traitement des femmes dans les affaires liées aux violences intrafamiliale, au sein de nos communautés.

Nous espérons déjà que le peuple camerounais comprenne quelles sont nos doléances qui ne sont en rien une affaire comme on lit sur les réseaux sociaux, de vouloir opposer les hommes et les femmes, mais de faire comprendre que les femmes, en tant que cibles privilégiées dans notre société, ont besoin de protection spécifique.

En tant que femmes engagées, il est de notre responsabilité d’attirer l'attention de l'opinion publique.

Nous savons mieux que quiconque combien il est difficile pour les femmes et filles victimes de violences dans nos communautés de demander, d'obtenir de l'aide, parfois d'aller jusqu'au bout de leur quête de justice.

S'il faut aller en profondeur en intégrant les postes de gendarmerie et police, les hôpitaux sur le décompte des féminicides, nous pourrons aller à plus que ça.

Blocages, occupations ... Extinction Rebellion : stop ou encore ? // Au Brésil des dentistes prennent en charge les femmes violentées

 

DW : Quelles sont les actions concrètes que le collectif Stop féminicides 237 mène pour remédier aux violences faites aux femmes et aux filles ?

Viviane Tathi :  Nous avons mis sur pied le collectif Stop féminicides 237 composé de 17 organisations de femmes qui travaillent sur les questions de genre dans les communautés. Nous nous inquiétons de ce qu'il y ait une certaine recrudescence.

En 2022, pour nous qui travaillons à l'association Sourires de femmes sur les questions de violences et la question des données liées à ces violences, nous en étions à 15 féminicides. Nous sommes courant 2023  et nous en sommes déjà à 25 donc dix de plus.

Nous avons écrit une lettre au président de la République, Paul Biya. Nous avons mis en ampliation plusieurs autres organes ministériels notamment le ministère de la Promotion de la femme et de la famille, le ministère de la Justice qui est un élément très important pour les femmes et les filles victimes de violences dans nos communautés.

Nous avons également saisi ONU-Femmes, la Commission des droits de l'Homme au Cameroun.

Nous avons écrit cette lettre pour interpeller les autorités parce que nous nous demandons ce qui se passe ! Au-delà du travail que nous faisons, comment est-ce que les autorités peuvent faire en leur qualité et avec le pouvoir qu'elles ont à leur niveau pour pouvoir stopper et mettre fin à ce phénomène.

À GO FM, les femmes sont au micro

 

DW : S’agit-il d’actions ponctuelles ou vont-elles s'étendre sur la durée ?

Viviane Tathi : Au-delà de ça, nous comptons mener des actions comme décréter une journée de deuil national en mémoire de ces victimes et nous souhaitons que toutes les régions se joignent à cette initiative pour nous accompagner.

Nous comptons également mener une campagne médiatique, tenir une marche en espérant que les autorités vont la valider, ce sera une marche bien sûr pacifique mais surtout de protestation pour dire stop aux féminicides et aux violences faites aux femmes et aux filles. Enfin, nous comptons sur le long terme mettre sur pied un numéro vert pour les femmes et les filles victimes de violences.